Tel que cela se trouve
dans le souvenir

Tarjei Vesaas
Traduction Régis Boyer dans la barque le soir
édition Corti

Romancier, nouvelliste, poète norvégien né
le 20 août 1897, mort le 15 mars 1970,
Vesaas hésite longtemps entre l'écriture
et le travail de la terre. Il écrit en nynorsk,
langue rurale du sud de la Norvège et inspire
de nombreux auteurs dont Jon Fosse.

Tarjei Vesaas retranscrit cette voix intérieure,
accordée au rythme du monde, à la puissance
de la nature et à l'instinct des êtres. Il a cet art
d'associer intimement le spectacle du monde
extérieur à celui du monde intérieur. Il nous fait
entendre la voix de l'enfant qui demeure en
chacun de nous, qui cherche à vivre, à aimer,
à grandir, qui cherche des mots pour décrire
l'indicible de ces petits moments quotidiens
où la vie culmine, source de nos souvenirs.

« À qui parlons-nous lorsque nous
nous taisons ? »

Tarjei Vesaas-Vivre notre rêve

Dans une tempête de neige un homme,
son enfant et un cheval tentent de se frayer un
chemin. Loin dans la forêt, ils marchent sans
bruit. Ils doivent déblayer la neige ; il faut
transporter les grumes par ce long chemin qui
traverse les bois jusqu'à la rivière.
Le mauvais temps rend ce travail éprouvant,
mais, grâce au cheval, le père et le fils trouvent
peu à peu le chemin que leurs pelles
élargissent…

"À la lecture de Tel que cela se trouve dans
le souvenir
je ne peux être que fasciné par
l'écriture de Tarjei Vesaas tant elle me
bouleverse.
D'une histoire apparemment banale, entre
un père et un fils, un cheval et l'hiver enneigé,
Tarjei Vesaas plonge au cœur de l'univers
intérieur de la fabrique du souvenir, de l'origine
des chocs, des traumatismes secrets et indicibles
qui forgent les individus.
Nous nous retrouvons dans la complexité
d'une multitude d'impressions, de sensations,
de perceptions qui façonnent notre imagination.
Nous sommes au-delà du réel, au bord
d'un rêve, l'instant d'éternité d'un souvenir
inoublié."

Etienne Pommeret

"Vesaas parle d'êtres qui éprouvent des
difficultés insurmontables, qui sont poussés vers
la ruine de l'âme et finalement sauvés non pas
par l'intervention de puissances supérieures
ou par des circonstances extérieures, mais
par l'amour, la solidarité ou simplement
la gentillesse d'un autre être humain.
Les sommets des livres de Vesaas sont
ces instants éblouissants où un être sort de
lui-même et rencontre, sur une passerelle
de compréhension, un semblable en danger.
C'est dans la description de ces plus beaux
instants de la vie, où le plus simple coïncide
avec le plus difficile, que l'œuvre de Vesaas
atteint cette beauté particulière et complexe,
qu'elle devient un arc-en-ciel sur la neige. (…)
La personne de Tarjei Vesaas est synonyme de
pureté sans refus de la vie, de douce sévérité
et de gravité enjouée. Il communique
à son hôte le calme, au spectateur le bien-être,
à l'auditeur le silence, au lecteur la
connaissance de lui-même et à celui qui manque
de sagesse une devise qui dure toute la vie et
qui a causé beaucoup de joie à votre serviteur :
le chemin qui mène en enfer est long, pour celui
qui ne veut pas y aller.

Stig Dagerman

LE TRAGIQUE QUOTIDIEN

Il y a un tragique qui est bien plus réel,
bien plus profond et bien plus conforme à
notre être véritable que le tragique des grandes
aventures. Il est facile de le sentir, mais il n'est
pas aisé de le montrer, parce que ce tragique
essentiel n'est pas simplement matériel ou
psychologique. Il ne s'agit plus ici de la lutte
déterminée d'un être contre un être, de la lutte
d'un désir contre un autre désir ou de l'éternel
combat de la passion et du devoir. Il s'agirait
plutôt de faire voir ce qu'il y a d'étonnant dans
le fait seul de vivre. Il s'agirait plutôt de faire
voir l'existence d'une âme en elle-même, au
milieu d'une immensité qui n'est jamais active.
Il s'agirait plutôt de faire entendre, par-dessus
les dialogues ordinaires de la raison et des
sentiments, le dialogue plus solennel et
ininterrompu de l'être et de la destinée.
Il s'agirait plutôt de nous faire suivre les pas
hésitants et douloureux d'un être qui s'approche
ou qui s'éloigne de la vérité, de sa beauté ou
de son Dieu.

Maurice Maeterlinck

Tel que cela se trouve dans
le souvenir est le premier récit
extrait de :
la barque le soir, dernier écrit
de Tarjei Vasaas (1968).

Production
C'est pour Bientôt
Théâtre association-loi 1901
conventionnée par la DRAC
Île de France
Ministère de la culture et
de la communication
SPEDIDAM

Co-réalisation avec le Théatre
l'Echangeur-cie Public chéri
Soutien du Norla

C'est pour Bientôt -
14 rue du plateau – 75019 Paris

Thomas Clédé
06 65 33 64 50
Etienne Pommeret
01 48 44 10 54
06 82 39 52 18

Dans leur silence, à quoi pensent-ils ?
Dans leur silence, à quoi rêvent-ils ?

Une fantasmagorie, un au-delà,
un rêve enfui ?

Distribution

Mise en scène
Etienne Pommeret
avec la complicité de
Catherine Hubin
Avec
Anthony Breurec,
Etienne Pommeret

Scénographie
Jean-Pierre Larroche
Costumes
Cidalia da Costa
Lumières
Jean-Yves Courcoux
Son
Valérie Bajcsa

Photographe
Hérvé Bellamy

Relations avec la presse
Claire Amchin

Administration
Thomas Clédé

TEL QUE CELA SE TROUVE DANS LE SOUVENIR

Il est là, dans la neige déferlante ;
dans ma pensée : sous la neige
déferlante. Un père et son cheval
brun avec son pelage velu d'hiver,
dans la neige.
Son cheval brun et le visage de
l'homme. Ses mots durs. Ses yeux
bleus et sa barbe. Sa barbe
légèrement rousse sur ce blanc.
Neige déferlante. Neige aveugle
sans limites.

NOTES DE TRAVAIL

Une situation de départ quotidienne
voire banale : un jour d'hiver un père
et son fils aidés d'un cheval
travaillent dans la forêt ; dans ce
récit, Tarjei Vesaas mélange les
styles, et les genres. Ce souvenir se
transforme en récit fantastique (le
cercle des animaux), en drame (les
relations père/fils) et enfin en
tragédie (l'incapacité à modifier son
destin). Et comme tout grand
auteur, Tarjei Vesaas ajoute à cette
gravité des bribes de légèreté (les
tartines de pain sous les branches
du sapin) pour amplifier ses
différents registres jusqu'à un point
paroxystique qui crée le cœur du
traumatisme. Dans de nombreux
romans et dans certaines de ses
nouvelles Vesaas jubile à créer des
points d'apogée que l'on retrouve
aussi, par exemple dans le Verdict
de Kafka et Les carnets du sous-sol
de Dostoïevski : une jouissance de
l'écrivain. Quelle chance pour les
acteurs !

Mettre en scène Tel que cela se
trouve dans le souvenir est
d'amplifier sans illustrer toutes les
composantes de cette écriture.
Mon parti pris est de constituer une
partition à deux voix. Vesaas, tout
comme son père et d'après les
témoignages de son fils ou de son
petit-fils…étaient des hommes très
silencieux comme chez Jon Fosse.
Ce dédoublement des voix et des
corps rend compte avec justesse de
cette notion d'hérédité de la
condition humaine. Ce n'est pas
simplement le souvenir d'un fils,
devenu père à son tour, mais aussi
ce désir insatiable d'être aimé et
d'être face au silence, à toute la
violence d'un regard ou d'une
parole acérée.